Le Fil et son Histoire
On remonte le temps sur les origines du fil à coudre et à tricoter
Lorsque vous admirez un beau vêtement, réfléchissez un peu à tout le travail qui a été fait pour le concevoir. D’abord, pensez à la quantité de fil qu’il faut assembler pour réaliser le tissu. De nos jours, tout est fait de façon mécanique et nous ne prenons plus le temps d’apprécier les différents métiers qui entrent en scène. Jaspe Couture, avec cet article, Le fil et son histoire, veut vous faire revivre les temps forts de la transformation du fil et du monde du textile.
L’origine et la transformation des fibres
La fabrication du fil couvre toute une histoire et dépend du matériau utilisé. On distingue les fils d’origine végétale (comme le coton, le chanvre, le lin, l’ortie…), les fils d’origine animale (comme la laine, la soie), les fils synthétiques, plus modernes (comme le polyester, l’acrylique, l’élasthanne). Il ne faut pas non plus oublier les fils en métal (comme l’or et l’argent pour la fabrication des rubans, des galons de passementerie ou le fer pour la fabrication des côtes de mailles). Le génie artisanal de nos ancêtres consistait à transformer des fibres longues ou courtes de ces matières en fil.
Au début, les hommes n’avaient pas beaucoup de moyens. Ils ont donc inventé deux outils ancestraux très efficaces : le fuseau et la quenouille. A l’origine, le fuseau n’était qu’une vulgaire tige de bois de 20 à 25cm. Pour activer sa rotation tout en le maintenant de façon verticale, on l’introduisait dans une petite pierre ronde percée au milieu, la fusaïole. La difficulté résidait à donner une grosseur régulière au fil avec les doigts avant de l’enrouler sur le fuseau.
On dit que “filer” est une excellente méthode thérapeutique pour lutter contre le stress. Les bergers et les bergères ont beaucoup excellé dans l’art du filage. Cela permettait de passer le temps tout en surveillant le troupeau. Avant de filer la laine (par exemple), il fallait d’abord la carder, c’est à dire la démêler pour mettre les brins dans le bon sens, ce qui facilitait un filage plus rapide, et ensuite la peigner pour faire tomber les impuretés. A partir de ce moment, les fibres étaient propres et prêtes. La quenouille était un bâton, attaché le plus souvent à la ceinture, qui servait de support de stockage aux fibres.
Puis s’est développé une machine plus complexe : le rouet à bras qui a permis de rentabiliser la technique du filage : Le fuseau est fixé sur un support vertical, relié à une grande roue qu’on fait tourner à la main. Léonard de Vinci (1452-1519) a lui-même dessiné un croquis pour améliorer le rouet à bras. Au fil du temps ce procédé s’est nettement amélioré : Il s’agissait d’un rouet à pédale, ce qui libérait les deux mains et permettait au fil de s’enrouler automatiquement sur une bobine. Plus besoin de fuseau !
Rouet à pédale. Photo : Claude-Henry Bernardot, Musées de la Haute-Saône
Du filage au tissage
Le tissage est venu à l’existence avec le métier à tisser, instrument beaucoup complexe et plus rapide.
Premier métier à tisser de M. Jacquard visible à
l’atelier municipal de passementerie – Lyon
Le procédé consiste à entremêler les fils verticaux (appelés fils de chaîne) et les fils horizontaux (appelés fils de trame) à angles droits pour former du tissu. Il ne faut pas non plus oublier les fils d’arcade, reliés à des crochets mécaniques, qui aident à soulever les fils de chaîne pour faire passer les fils de trame. La machine à tisser peut contenir plus de 11200 fils de chaîne et nécessite environ vingt heures de travail pour son installation.
Le Bis ! Tan ! Claque ! Pan ! C’est le bruit du tissage. Il y a quatre temps. Le bis, on appuie sur la pédale pour libérer le fil ; le tan, on repousse le battant ; le claque, la navette passe et se met au bord ; le pan, le battant frappe le fil de trame pour le tasser contre les précédentes. C’est la succession de ces entrelacs qui forme une étoffe. A l’origine, les tissus étaient surtout unis. Le métier à tisser présente ainsi l’avantage d’utiliser plusieurs fils de chaîne et de trame de manière à former des motifs plus complexes sur le le tissu.
La ville de Lyon dans l’histoire des métiers à tisser
C’est à Joseph Marie Jacquard (1752-1834) que revient la gloire d’avoir inventé la machine à tisser semi-automatique avec le système de cartes perforées. Fils de tisserand, il construisit et fit breveter sa première machine en 1801. Cette machine allait supplanter les machines traditionnelles à tire qui devaient fonctionner avec quatre ou cinq tireurs (ou tireuses). Le génie de Jacquard consiste à programmer des cartes perforées dont le mécanisme faisait lever les fils automatiquement. Le procédé de programmation de cartes perforées est considéré comme l’ancêtre de l’ordinateur avec son système binaire (oui, non), ce qui permettait de faire plus rapidement des dessins avec des motifs plus complexes sur les tissus. De plus, le travail ne nécessitait qu’un seul ouvrier au lieu de quatre ou cinq tireurs.
Système de cartes perforées de M. Jacquard
Malheureusement, cette invention a été mal perçue par la classe ouvrière qui vit dans l’invention du métier Jacquard un mauvais concurrent destiné à les réduire au chômage. Ce fut l’une des causes de la révolte des canuts. Il faut aussi souligner que les canuts revendiquaient surtout un salaire fixe et de meilleures conditions de travail dans ce nouvel ordre social où régnait la révolution industrielle.
L’apparition du métier à tisser Jacquard n’a pas vraiment provoqué le chômage. Au contraire, elle a ouvert la porte à d’autres métiers jusqu’alors inexistants : le dessinateur, le liseur (qui indique le nombre de fils qu’on doit prendre ou laisser pour la fabrication de l’étoffe), le lanceur (pour faire les motifs) le piqueur de cartons (qui perforait les cartes), pour ne citer que ceux-là. L’invention du métier Jacquard a aussi permis de faire des portraits tissés tout en révolutionnant l’histoire du fil dans la fabrication du tissu.
Les journées du patrimoine à Lyon
L’homme a voulu fabriquer du fil et par la suite des étoffes pour diverses raisons : cacher la nudité, se réchauffer et surtout montrer son élégance. Un vêtement en dit long sur notre statut social et plus profondément sur notre nature. Si vous passez à Lyon les 19 et 20 septembre, ne ratez pas les journées européennes du patrimoine et venez admirer les savoirs-faire des ouvriers lyonnais dans le monde du textile à travers ses différents musées et associations : Musée des Tissus, Maison des Canuts, Soierie Vivante.
Nous vous attendons sur Lyon surtout faites-nous part de vos découvertes concernant le fil et son histoire.
Métier à tisser Jacquard, visible à la Maison des Canuts
Photo en tête d’article : Vincent Van Gogh, Tisserand tourné vers la gauche avec rouet, Huile sur toile, 1884
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